La Belgique a officiellement abandonné son projet de longue date de sortie du nucléaire. Le parlement fédéral a voté l'abrogation de la loi de 2003 prévoyant l'arrêt des centrales nucléaires d'ici 2025. Ce revirement politique majeur, motivé par des préoccupations de sécurité énergétique et la volonté d'un modèle énergétique plus résilient, ouvre la voie à une prolongation de la durée de vie des réacteurs existants et potentiellement à la construction de nouveaux.
Le vote du parlement belge marque un tournant décisif par rapport à l'engagement de deux décennies en faveur de la sortie du nucléaire. La nouvelle législation supprime l'échéance de 2025 et l'interdiction de construire de nouvelles capacités nucléaires. Cette mesure s'aligne sur l'objectif du gouvernement actuel d'assurer un modèle énergétique réaliste et résilient pour la Belgique.
La conséquence immédiate de cette décision est la possibilité de prolonger la durée d'exploitation de certains réacteurs. Deux réacteurs, Doel 4 et Tihange 3, avaient déjà vu leur durée de vie prolongée jusqu'en 2035 suite à un accord de 2023. La nouvelle politique permet des prolongations supplémentaires au-delà de cette date. L'accord de coalition gouvernementale indique l'intention de "prolonger les capacités existantes" à court terme et d'investir dans de nouveaux réacteurs à long terme, visant une part du nucléaire d'environ 4 gigawatts (GW).
Au-delà de la prolongation des installations actuelles, la Belgique envisage également le développement de nouvelles centrales nucléaires. Cela inclut l'exploration de technologies avancées telles que les petits réacteurs modulaires (SMR). Ces réacteurs de nouvelle génération, offrant potentiellement une plus grande flexibilité et une empreinte réduite, sont perçus comme une voie prometteuse pour la production énergétique future. Des discussions sont également en cours concernant des types de réacteurs plus grands, comme la technologie EPR développée en France.
Bien que ce changement de politique soit significatif, sa mise en œuvre pratique nécessitera une étroite collaboration avec Engie, le groupe français qui exploite les centrales nucléaires belges. Engie a déclaré que le nucléaire ne faisait plus partie de sa stratégie centrale, malgré son engagement dans la prolongation de Doel 4 et Tihange 3. Le gouvernement devra engager un dialogue avec Engie pour comprendre ses intentions et assurer sa coopération pour les futurs projets nucléaires.
Le renversement de la politique de sortie du nucléaire est influencé par plusieurs facteurs, notamment la volatilité du marché mondial de l'énergie, exacerbée par la guerre en Ukraine. Le besoin d'indépendance énergétique et la volonté de décarboner le secteur énergétique ont conduit les décideurs à reconsidérer le rôle de l'énergie nucléaire. Le gouvernement précédent avait déjà initié une prolongation partielle de deux réacteurs en raison de préoccupations concernant la sécurité d'approvisionnement en électricité, une décision qui a maintenant été consolidée et élargie par l'administration actuelle.